Abstract: | Malgré les efforts déployés pour mettre fin à la violence envers les femmes au Canada, il est malheureusement évident que des victimes continuent à en souffrir. La littérature démontre que non seulement les femmes sont plus susceptibles de subir des violences conjugales, mais les femmes noires, en raison de l'intersection de leurs identités, font face à des barrières systémiques et structurelles qui limitent leur accès aux ressources et au soutien nécessaires. Dans ce contexte, elles se tournent vers des espaces qui ne sont pas institutionnels, mais qui leur offrent un sentiment de sécurité et de soutien. Parmi ces espaces, on retrouve les églises, les cuisines communautaires et les salons de coiffure.
Il est effectivement un fait établi que les salons de coiffure offrent plus que des soins de beauté et capillaires : ils sont aussi une oasis culturellement sensible et accessible pour les femmes noires en situation de violence. Dans cette perspective, les coiffeuses noires qui accueillent ces clientes jouent un rôle important. Bien qu'il existe de nombreux écrits sur l'intimité entre les coiffeuses et leurs clientes, il existe peu de recherches sur la perception des coiffeuses noires quant à leur rôle lorsque survient un dévoilement de violence conjugale de la part d’une cliente noire. Comprennent-elles l'importance de leur position en tant que confidente de confiance ainsi que la responsabilité qui peut en découler? Se sentent-elles outillées afin d’orienter une victime vers des services appropriés?
Ce mémoire vise à mettre en lumière cette problématique dans le contexte des provinces de l'Ontario et du Québec. Il montre d’abord que le désir d’offrir des soins capillaires aux personnes noires est au fondement de l’activité professionnelle des coiffeuses noires et que leur position d’entrepreneuse et de travailleuse autonome leur octroie un sentiment de responsabilité vis-à-vis de leurs clientes qui se vérifie notamment par le choix de leur lieu de pratique, leurs tarifs accessibles ainsi que leurs réponses aux dévoilements de violence conjugale. La recherche souligne toutefois que la surcharge émotionnelle et le trauma vicariant, la frontière entre leurs vies professionnelle et personnelle et le manque important de formations sur la violence conjugale constituent des limites à cette responsabilisation. Le mémoire conclut par des pistes de recommandation pour les salons de coiffure destinés aux femmes noires.
Mots clés : Femmes Noires, Violence Conjugale, Salon de Beauté, Intersectionnalité, Violence Structurelle, Éducation |